L’inspecteur du travail, plus qu’un contrôleur

L’inspecteur du travail, plus qu’un contrôleur

© Séverine Tavennec

Tour Mirabeau.

Ce fonctionnaire intervient auprès des employeurs, des salariés et des partenaires sociaux pour veiller au respect de la législation par les sociétés. Son activité ne se limite pas qu’aux contrôles et aux sanctions: il doit aussi informer et, le cas échéant, assurer un rôle de conciliateur.

"C'est un observateur privilégié du monde du travail, lance d’emblée Anouk Lavaure, directrice du travail et directrice de projet pour le système d’inspection du travail à la DGT (Direction générale du travail). Ce fonctionnaire de l’État est avant tout un homme de terrain qui intervient sur les lieux de travail. Plongé au cœur de l’entreprise, il agit pour assurer l’effectivité du droit du travail."

 

Faciliter la conciliation entre les parties

 

Ce professionnel a ainsi pour principales missions de contrôler l’application du droit du travail en entreprise, de conseiller et d’informer les employeurs, les salariés et les représentants du personnel sur leurs droits et obligations et de faciliter la conciliation entre les parties, notamment lors des conflits collectifs. En cas d’infraction, il peut transmettre au parquet un procès-verbal et, pour certaines infractions ou en cas de danger, engager une procédure de suspension d’activité ou de chantier ou punir d’une amende administrative.

 

Rattaché au ministère du Travail et affecté à une zone géographique déterminée, "l’inspecteur du travail exerce ses différentes missions au sein des Direccte (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). Dans le cadre d’une approche globale de l’entreprise, il est son interlocuteur privilégié. Il peut occuper différentes fonctions comme celle de chargé de développement de l’emploi et des territoires. Il doit notamment connaître les problématiques et les politiques emploi, formation professionnelle", précise Pascal Dulaurier, directeur du travail, chef du département d’action territoriale à la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle.

 

"En tant qu’agent public, l’inspecteur du travail doit être impartial, intègre, discret. Il a aussi une obligation de confidentialité des plaintes et est donc tenu au secret professionnel", ajoute Anouk Lavaure. Ce fonctionnaire de l’État doit également montrer des aptitudes à la négociation et faire preuve de tact, d’autorité et de discernement pour pouvoir trancher dans des situations de tension. Il est au cœur des enjeux socio-économiques. Pour 2019, la DGT a annoncé un renforcement des mesures de contrôle avec un objectif de 300 000 interventions des inspecteurs du travail et plusieurs priorités : lutter contre les fraudes au détachement, combattre le travail illégal, agir pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes…

 

Une classe prépa intégrée

 

L’accès au corps d’inspecteur du travail se fait sur concours de catégorie A accessible à des titulaires d’un diplôme de niveau bac + 3 "même si la majorité des postulants ont un M2 en droit, en sciences économiques ou politiques", avance Arnaud Scolan, chef du bureau du recrutement des ministères sociaux. Pour réussir ce concours très sélectif, une classe prépa intégrée est ouverte aux étudiants les plus modestes. Les candidats ayant réussi le concours devront ensuite suivre dix-huit mois de formation rémunérée : quinze mois en alternance à l’Intefp (Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle), puis une formation complémentaire de trois mois préparant à la prise de fonction.

 

Le concours interne est, lui, ouvert aux fonctionnaires de catégorie B justifiant de quatre années de service dans la fonction publique. Un troisième concours vise des candidats forts de huit années d’expérience dans le secteur privé, associatif… "Nous souhaitons élargir l’accès à ce troisième concours pour diversifier le corps de l’inspection du travail", explique Arnaud Scolan.

 

Aujourd’hui, 3 017 inspecteurs du travail officient dans toute la France. Quatre-vingts postes sont à pourvoir pour l’année prochaine.

 

Rémunérations 

 

Le salaire mensuel brut d’un inspecteur du travail en début de carrière est de 2052 euros. Il est d’environ 3330 euros au dernier échelon du grade d’inspecteur et, en fin de carrière, de près de 4555 euros au dernier échelon du grade de directeur du travail. S’ajoutent à ce salaire une indemnité de résidence (selon le lieu d’affectation), un éventuel supplément familial en fonction du nombre d’enfants et un régime indemnitaire. Cela correspond en moyenne à 7000 euros pour l’année en début de carrière.

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