Carrières-juridiques.com. Globalement, les taux de réussite des IEJ ont chuté en 2017. Comment expliquer cette baisse ?
S'agissant des taux de réussite, deux remarques peuvent être effectuées.
La première tient au fait que les disparités de taux de réussite entre les IEJ ont été accentuées par la réforme, ce qui n'est, malheureusement, que la réalisation de la prédiction que j'avais effectuée dans l'entretien que j'avais donné l'an dernier au Petit Juriste (Voir Le Petit Juriste n°39, avril 2017). De ce point de vue, l'objectif affiché de la réforme (la réforme de l'examen a été justifiée par ses promoteurs en invoquant la disparité des taux de réussite au sein des IEJ) n'a pas été atteint, ce qui n'est pas étonnant puisque ces disparités n'ont rien à voir avec le caractère local ou national de l'examen.
La seconde remarque a trait à la baisse du taux de réussite dans presque tous les IEJ. Le taux de réussite moyen a été, en effet, de 29,53% en 2017 alors qu'il était de 38,24% en 2016. Si l'objectif réel de la réforme était de réduire le nombre d'admis dans les écoles d'avocat, on peut dire, cette fois, que ce but a été atteint. Ceci est dû à la conjugaison de deux facteurs, l'un que l'on peut approuver et qui est la réduction des épreuves aux matières les plus importantes avec une suppression des dispenses possibles ; l'autre que l'on peut déplorer et qui tient au fait que les programmes des épreuves de cet examen sont devenus trop larges et n'ont pas été suffisamment précisés, ce qui rend la préparation de cet examen plus difficile et lui confère un caractère malheureusement plus aléatoire.
Pensez-vous que les IEJ étaient bien préparés à l'accueil de cette nouvelle formule de l'examen ?
Les IEJ ont adapté leurs préparations à la nouvelle mouture de l'examen, mais cela ne peut suffire à résoudre des difficultés provenant de l'imprécision des programmes des épreuves et du caractère parfois déséquilibré de ces programmes, lequel aboutit à ce que le volume de révision soit parfois beaucoup plus important si l'on choisit une matière plutôt qu'une autre. Une nouvelle commission a, heureusement, été mise en place par le ministère de la Justice et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche afin de réfléchir à une redéfinition des programmes des épreuves pour aboutir à un résultat que l'on espère plus précis et plus équilibré et qui s'appliquerait lors de la session 2019 de l'examen.
Pensez-vous que les cours dispensés dans les IEJ sont satisfaisants ou une prépa est-elle nécessaire pour réussir l'examen ?
Tout dépend du moment où l'on se place. Pendant l'année universitaire, le recours à une prépa est certainement inutile, car il est déjà possible de profiter des enseignements et entraînements déjà dispensés dans les IEJ. En revanche, au cours de l'été, la situation est différente pour les étudiants qui ne se sentent pas capables de s'astreindre seuls à la discipline que supposent des révisions sérieuses. J'ajouterai à cela un regret : celui que les étudiants des IEJ ne participent pas à tous les entraînements qui y sont organisés et n'assistent pas suffisamment aux cours et conférences d'actualité des IEJ. Ceci est sans doute dû à des contraintes d'emplois du temps. Pour faire face à cela, certains IEJ ont le projet de mettre en place une préparation en ligne, totalement dématérialisée, à l'examen d'accès au CRFPA. C’est notamment le cas de l'IEJ de Paris 2.