Pourquoi faire un Master en droit fiscal ?

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Pourquoi faire un Master en droit fiscal ?

Carrières-Juridiques.com vous livre les conseils de Thibaut Massart, Professeur et Directeur du Master Fiscalité de l’entreprise Université Paris Dauphine et de Stéphane Baller, Associé EY société d’avocats – anciennement Ersnt &Young - Marketing Enablement, Sourcing & Employer Brand 

Thibaut Massart :


La complexification du droit contraint à la spécialisation. Cette stratégie est cependant payante puisque les spécialistes perçoivent des rémunérations plus importantes. Le droit fiscal n’échappe pas à ce phénomène. Cette discipline attire de plus en plus d’étudiants d’horizons très différents. Certains ont suivi un cursus juridique classique, d’autres viennent d’écoles de commerce, de Sciences Po ou de formations en finance. Tous ces étudiants apprécient l’aspect à la fois rigoureux et pragmatique de la fiscalité. 


Le fiscaliste a pour mission principale de conseiller ses clients afin de les aider à prendre les meilleures décisions. Comme les montages proposés font souvent appel à différentes techniques, le fiscaliste a besoin d’enseignements pratiques en droit fiscal, mais aussi en comptabilité et en finance, sans compter une formation de base indispensable en droit des affaires. La maîtrise de l’anglais est également indispensable. Les fiscalistes ont même tendance à se sous-spécialiser. Certains optent pour la fiscalité du patrimoine, d’autres pour la fiscalité de l’entreprise, ou encore la fiscalité internationale. La demande de ces spécialistes est forte. Lorsqu’il est diplômé, l’étudiant peut choisir d’intégrer un grand cabinet d’avocats, français ou anglo-américain, ou un cabinet de niche. Il peut également préférer rejoindre la direction fiscale d’une entreprise du CAC 40. 


Stéphane Baller : 


Et si la fiscalité menait à tout ... Depuis la crise budgétaire des pays matures et l’augmentation des besoins financiers des pays émergents, la pénurie des finances publiques pourrait faire craindre demain un métier de fiscaliste appauvri. Pourtant ce que nous constatons ouvre un grand nombre d’horizons, si l’on sait se préparer et s’adapter à la nouvelle donne du métier fiscal en cabinet comme en entreprise. D’abord les Administrations s’informatisent et le fiscaliste demain doit devenir 3.0, posséder des rudiments de SAP pour savoir utiliser les systèmes d’information afin de piloter la fiscalité de son Groupe. Ensuite l’agressivité des contrôles des Administrations peut dériver vers le contentieux, de l’impôt comme du recouvrement, ce qui suppose de connaitre des procédures et des pratiques internationales très diverses. La maîtrise des techniques d’évaluation, la connaissance du contrôle de gestion, voir les méthodes des économistes seront un plus pour défendre une politique de prix de transfert. Certaines administrations s’engagent dans un dialogue constructif avec les entreprises sur une base sectorielle : communication, pédagogie, connaissance des concurrents, réseau d’information permettent un équilibre avec l’Administration.


La perspective de négociations bilatérales entre Etats pour opérer un partage de base imposable demandera des talents de diplomatie et de politique, tout comme la nécessité de participer à des actions de lobbying. De même l’intérêt croissant des conseils d’administration pour la fiscalité obligera à une communication de haut niveau, passant de l’information financière consolidée aux subtilités de l’entité sociale, le plus souvent en langue anglaise. Enfin fiscalité indirecte accrue, tensions sur le tarif douanier ou aménagement des modalités de rémunération, tous obligeront à redécouvrir le droit des contrats rapprochant fiscalistes et juristes. Avec cet agenda, les fiscalistes démontreront ainsi qu’ils sont des managers « comme les autres » et la richesse de leur poste leur permettra d’évoluer au-delà de la technique pour gérer des Cabinets comme des unités opérationnelles ... s’ils le souhaitent !