L’Ecole de formation des Barreaux (EFB) s’est récemment équipée d’une clinique juridique, sous l’impulsion des élèves avocats eux-mêmes. Si le recule manque aujourd’hui pour évaluer la réussite ou non de cette jeune clinique, ses débuts semblent prometteurs. Toute personne en recherche de conseils juridiques peut prendre rendez-vous pour rencontrer les élèves avocats parisiens lors d’un entretien le mardi après-midi. Un premier rendez-vous permet à l’élève avocat de nouer un premier contact. A la suite de ses recherches, celui-ci émet un diagnostic sous la vigilance d’un avocat volontaire. Les cas traités sont très diverses. « Nous avons accompagné une création de société, nous avons conseillé des personnes dans le cadre de procédure de divorce, nous avons conseillé en matière de droit au logement des propriétaires et des locataires », nous explique Eglantine Leblond, la responsable de l’organisation de la clinique juridique à l’EFB. Les élèves motivés sont de plus en plus nombreux à vouloir intégrer la clinique. Leur chiffre devrait d’ailleurs doubler d’ici la fin du mois de mars.
L’EFB n’est pas véritablement précurseur en matière de clinique juridique. Le concept, né aux Etats en 1947 dans les facultés de Duke et de Tennessee, est arrivé en France dans les années 2000. En 2007, la « maison du droit » de l’Université Paris II Panthéon Assas a ouvert ses portes pour la première fois, et le nombre d’étudiants participants ne cesse d’augmenter. D’autres Universités ont emboité le pas, comme l’Université de Tours, l’Université de Versailles Saint Quentin, l’Université d’Aix-Marseille ou encore l’université de Paris Ouest la Défense avec son programme Euclid.
Certaines cliniques sont particulièrement reconnues, c’est le cas de la Clinique Juridique de l’Université de Saint Denis (1). En 2014, son fondateur et président Benjamin Pitcho s’est vu récompensé par le barreau de Paris, par la remise du trophée Pro Bono. Créée en 2013, cette clinique connait depuis, un succès grandissant. « La clinique est de plus en plus connue, les étudiants sont de plus en plus intéressés, et les avocats volontaires pour travailler sur le projet sont de plus en plus nombreux », se félicite Benjamin Pitcho. Sous son impulsion, la clinique a su évoluer positivement, puisque les 33 étudiants inscrits peuvent depuis cette année valider un diplôme universitaire de clinique juridique. De toutes les cliniques, elle est également la seule à proposer une analyse écrite réalisée de concert entre un étudiant, un enseignant et un professionnel. Cette rigueur imposée à elle-même n’a pas empêché la clinique de traiter cinquante cas depuis le 1er novembre 2014. Véritable laboratoire d’idée, la clinique permet aux étudiants intéressés par le monde judiciaire de se confronter à la réalité du terrain. Elle fait par ailleurs intervenir des étudiants de théâtre pour entraîner les avocats de demain à l’art de la plaidoirie. Benjamin Pitcho et Pierre-Olivier Chaumet, historien du droit et coordinateur de la clinique, souhaitent à l’avenir coupler la clinique juridique avec des concours d’éloquence, mais également internationaliser le projet, ou encore travailler en partenariat avec des associations. Cette formation pratique a donc de beaux jours devant elle, de quoi ouvrir les yeux des plus sceptiques quant à l’Université Paris 8.
Capucine Coquand
(1) : Lire notre article La Clinique Juridique Saint-Denis: Solidarité à la faculté de droit de Paris 8