Affiches Parisiennes : Pouvez-vous nous présenter la Juris’Cup en quelques mots ?
Henri de la Motte Rouge : La Juris’Cup est un événement très particulier qui réunit mes deux passions : le métier d’avocat et la régate. Avec plus de 2 000 participants, et 24 ans d’expérience, c’est la plus grande régate corporative de France. Elle réunit toutes les professions du droit, sachant qu’il faut au moins 50 % de juristes à bord. La régate se déroule en trois manches dans la baie de Marseille qui est pour moi un des plus beaux plans d’eau du monde.
Cette année le barreau de Paris sera bien représenté dans un esprit sportif et convivial. Le bâtonnier Pierre-Olivier Sur barrera son propre voilier (le OWL un KETCH AURIQUE de 16,80 m). Il y aura un second bateau dirigé par Bénédicte Graulle du cabinet Jones Day (l’Adrenaline un SYDNEY 46 de 13,98 m), notre Grand Surprise ainsi que celui de l’EFB.
AP : Quelle sera la particularité de cette 24è édition de la Juris’Cup ?
HMR : Cette année, le barreau de Paris arrive en force avec une écurie de quatre bateaux. Le bâtonnier vient faire la Juris’Cup lui-même. C’est un bon marin, un véritable régatier qui m’a d’ailleurs confié avoir traversé l’Atlantique et navigué sur des voiliers historiques. Il souhaite arriver à la Juris’Cup avec une véritable cohésion de groupe, un esprit festif et compétitif. L’univers maritime est d’ailleurs souvent utilisé dans sa communication. Dans ces temps parfois difficiles pour notre profession nous avons besoin de « tenir la barre » et « garder le cap ». Pierre-Olivier Sur est un bon capitaine pour notre grand barreau.
A bord de notre Grand Surprise, cette année nous n’aurons pas de skipper professionnel. Au départ, c’était une volonté du barreau de Nantes avec lequel nous partageons le même partenaire Lexbase. Nous nous sommes pliés à leur volonté. C’est aussi une manière de mettre un avocat à la barre sur chaque bateau !
AP : Depuis quand le barreau de Paris y participe-t-il ?
HMR : Des cabinets d'avocats parisiens ont toujours participé à la Juris'Cup mais c’est notre ancien bâtonnier Christiane Féral-Schuhl qui a relancé la participation du barreau de Paris il y a deux ans en faisant confiance dans le projet que je portais. Nous avons d’ailleurs gagné la Juris’Cup en 2012 avec une superbe équipe à terre comme sur l’eau. C’est un grand souvenir de victoire et de cohésion à l’image de tout ce qu’a apporté Christiane Féral-Schuhl au barreau pendant son bâtonnat.
AP : Comment avez-vous constitué votre équipage ?
HMR : Nous restons dans la continuité et ne changeons pas une équipe qui gagne. Nous sommes six personnes, dont trois femmes, tous entre 30 et 35 ans. Je serais le skipper (l’an dernier l’équipage avait un skipper professionnel, ndlr), il y a aura un de mes frères à bord, le seul qui ne soit pas avocat, qui assurera une compétence technique supplémentaire. Les membres de notre équipage sont : Anne-Laure Mery, Aude du Parc, Béatrice Cohen, Guillaume Debonnet, mon frère Cyrille et moi-même.
Notre bateau est totalement auto financé par Lexbase. Cet éditeur juridique sponsorise aussi le voilier de nos concurrents nantais, qui ne sont plus nos concurrents mais nos « sparring-partners », comme on dit dans le jargon.
Nous sommes très reconnaissants envers nos deux partenaires, (Lexbase et le barreau de Paris, ndlr) ainsi que le bâtonnier Sur qui nous permet de continuer ce projet initié par notre ancien bâtonnier et basé sur des valeurs de compétence, jeunesse, dynamisme, et mixité. Notre équipage représente la diversité du barreau. Il a fait ses preuves deux années de suite mais se maintenir au haut niveau n’est jamais facile.
AP : Comment vous êtes-vous entraîné ?
HMR : Grace à la Société Team Winds (le loueur de voiliers, ndlr) qui dispose d’une belle flotte dans toute la France, nous pouvons naviguer dans de supers conditions pour préparer la compétition. Aussi, nous allons faire un entraînement la semaine précédant la Juris’Cup tous ensemble à Marseille. Une partie de l’équipage a fait le Grand Prix du Crouesty en Bretagne où nous avons terminé second en Grand Surprise. Chacun navigue un peu pendant l’année pour se maintenir au niveau.
AP : Les équipes partent-elles sur un pied d’égalité ?
HMR : Cette année, plusieurs équipages, dont le nôtre, ont choisi de manière concertée de ne pas avoir de skipper professionnel pour se battre à armes égales entre amateurs. Malheureusement, il semblerait que tout le monde n’ait pas joué le jeu...
Nous sommes tous des passionnés mais un professionnel du droit ne peut pas passer trois jours par semaine sur l’eau. Il est forcément moins bon qu’un professionnel de la régate !
AP : Arrivés premiers de votre catégorie Grand Surprise en 2012 et second l’année dernière, souhaitez-vous en découdre cette année ?
HMR : L’année dernière, nous avons joué un peu de malchance avec les aléas de la météo. Bien que nous ayons gagné les deuxième et troisième jours, notre sixième position le premier jour nous a pénalisés. Nous étions pourtant les meilleurs sur l’eau.
Cette année, nous redoublerons de vigilance mais notre skipper Nicolas Beranger qui est un grand régatier et meneur d’hommes, va nous manquer. Ce sera encore plus difficile de gagner sans lui, surtout face aux équipages qui ont un skipper professionnel. Nous restons néanmoins confiants dans la cohésion de notre équipage et nous visons un podium.
AP : Votre passion pour la voile viendrait-elle de vos origines bretonnes ? Qu’en est-il du droit ?
HMR : Oui, je navigue depuis que je suis jeune. J’ai eu la chance de participer aux championnats de France espoir en dériveur, puis j’ai fait le tour de France à la voile et plusieurs podiums au Spi Ouest-France (la plus grande régate de France, ndlr).
La voile est une passion, mais je suis un professionnel du droit avant tout. Je suis avocat au barreau de Paris. Mon cabinet (lamotterouge-avocat.com) qui intervient en droit des affaires a une compétence recherchée en droit de l’informatique et de l’internet, de la cybercriminalité, de la protection de l’innovation et des technologies avancées. Je pratique le conseil comme le contentieux. Notre expertise est reconnue en propriété intellectuelle car je travaille avec un ingénieur Telecom. Nous sommes d’ailleurs régulièrement sollicités par des cabinets d’affaires sur des problématiques complexes dans le secteur de l’innovation. Par ailleurs, dans le milieu nautique, j’accompagne des sportifs de haut niveau dont des navigateurs notamment sur des contrats de sponsoring ainsi que des sociétés dans le secteur de la voile.
Pratiquer la régate jeune m’a forgé des valeurs et un mental qui me servent beaucoup dans le métier d’avocat qui est exigeant et complet.
AP : Allez-vous assister au colloque sur le domaine public maritime qui aura lieu lors de la Juris’Cup ?
HMR : Je ne vais pas forcément assister au colloque, car avec mon équipage, on sera très occupé avec la préparation de la régate mais j’ai récemment participé à la rédaction d’un ouvrage en droit maritime qui s’intitule LegisPlaisance dans le cadre duquel j’ai écrit sur la responsabilité pénale du chef de bord. Le projet Legisplaisance a pour vocation de donner des informations juridiques accessibles aux plaisanciers. Il me permet de mettre à profit mes connaissances du Droit et de la Mer.