Collaborateur, il travaillait auprès d’un associé et suivait les directives de ce dernier dans son travail quotidien. C’est sans doute son application à suivre la méthode de son patron qui lui aura permis de progresser et de se faire remarquer au sens le plus positif du terme. Associé, il anime une équipe et organise le travail de celle-ci. Mais il ne faut pas croire que tout change. Devenir associé c’est toujours être avocat.Les trois dimensions attachées à la profession d’avocat restent essentielles à celui qui passe du statut de collaborateur à associé.
Il y a d’abord la dimension technique, par laquelle l’associé reste un juriste. En devenant associé, un avocat ne s’éloigne pas des dossiers. Dans la situation tendue que connaît la profession à l’égard de clients de plus en plus exigeants, mais aussi ayant de moins en moins les moyens de payer la prestation d’avocat, l’associé est souvent appelé en personne par son client. Il doit donc intervenir au nom de ses compétences, nullement en se reposant sur l’organisation de son équipe voire la réputation de son cabinet.
Il y a ensuite la dimension commerciale. L’associé se détache alors certainement et le plus nettement du collaborateur. Il a la responsabilité de développer une clientèle. C’est cette qualité qui l’a distingué à l’intérieur de son cabinet pour devenir associé, ou chez un cabinet extérieur qui veut le recruter comme associé. Il aura préparé ce sens commercial comme collaborateur, mais il devra l’avoir pleinement quand il sera associé. On devient sûrement associé quand on a le goût et le talent du développement d’une clientèle.
Il y a enfin la dimension pédagogique. L’associé est formateur d’hommes et de femmes. De ce point de vue, il doit rester attaché à recruter de jeunes talents pour les faire évoluer à leur tour dans la profession et, à terme, vers le statut d’associé. Cette qualité pédagogique doit se retrouver dans son conseil qui, avec le temps, sera de plus en plus épuré et visera à offrir un accès simplifié aux questions juridiques pour des clients trop souvent perdus par la complexité des textes et des procédures.
On le voit ainsi, devenir associé consacre un dépassement pour l’avocat, mais l’associé reste pleinement un avocat. L’homme et la femme auxquels le statut ne tourne pas la tête, qui les a récompensés pour donner le meilleur d’eux-mêmes, et qui n’oublient pas qu’ils doivent continuer à former les plus jeunes à leurs côtés, sont des associés réussis.
Michel Guénaire
Avocat associé du cabinet Gide Loyrette Nouel