CHRONIQUE LLM #4: Le Bar-athon

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CHRONIQUE LLM #4: Le Bar-athon

S’il y a bien quelque chose à quoi tout candidat au LLM doit songer, c’est l’opportunité de passer le barreau de New York (du Texas ou de Californie). En effet, cet élément est une différence majeure avec le Royaume-Uni, où il est beaucoup plus difficile, administrativement, de devenir sollicitor*.

 

 

 

Une fois caressée la douce idée de voir inscrite sur sa carte de visite la mention « Avocat au Barreau de New York », voyons ce qu’il y a derrière.

Comme souvent aux USA, c’est d’abord une question de coûts. L’inscription à l’examen coûte environ 700 dollars, auxquels il faut ajouter deux mois supplémentaires sur place (pour idée, ma chambre en résidence universitaire est à 1,600$ par mois, ce qui fait regretter la CAF), ainsi qu’une prépa aux alentours de 4,000$... Au total, comptez environ 10,000$ d’investissement.

Sur le plan académique, il vous faudra durant votre LLM vous accommoder d’un certain nombre de matières obligatoires, pour un total de 12 crédits sur les 30 maximums que vous pourrez avoir en cours d’année. Vous me direz que ça n’a pas l’air si terrible. Pour ceux d’entre vous qui partiront en LLM Général, cela ne posera pas problème et vous serez dans les meilleures conditions pour passer le Barreau. 


Mais pour ceux qui choisissent un LLM spécialisé, ce qui pour moi est le meilleur choix pour construire son cursus, vous aurez également un tronc obligatoire, ce qui ne laissera que peu de place pour choisir d’autres crédits, ce qui est dommage, car l’offre de cours est passionnante. Le plus difficile est sans doute de passer du temps sur une matière qui ne nous intéresse pas tellement, uniquement en vue du Barreau.


Les épreuves du Barreau se déroulent en deux jours, partagés entre des QCM et des « essays », le tout dans une vingtaine de matières, sachant que certaines sont très courtes et peuvent correspondre à un chapitre ou deux de ce qu’on considère comme une matière en France. Bref, c’est du bachotage pendant deux mois.

Maintenant que vous savez de quoi nous parlons, passons à la vraie question : à quoi cela sert-il ?

 

D’après les avocats que j’ai pu rencontrer, à rien.

 

Nuançons ;

  • si vous avez le CAPA et que vous comptez en France, cela ne vous apportera rien et la plupart des grands cabinets ne valorise pas financièrement ce titre,
  • si vous comptez travailler aux États-Unis, sachez qu’il est vraisemblable que vous soyez recrutés en tant que stagiaire ou collaborateur étranger, et que de l’avis des recruteurs le Barreau ne vous aidera pas vraiment, considérant qu’un étudiant américain sera toujours plus qualifié. Si vous voulez vous installer, là vous en aurez besoin
  • si vous voulez travailler ailleurs, je pense à titre personnel que ce Barreau peut vous donner une certaine légitimité, bien que dans l’Union Européenne votre Barreau de Paris sera probablement suffisant considérant les libertés de circulation
  • enfin, et surtout, ceux qui n’ont pas le CRFPA trouveront dans le Barreau de New York l’occasion de gagner une année via l’article 101, et je pense que ce sont surtout ces candidats qui devraient opter pour le Barreau.

 

En résumé, il s’agit d’un titre prestigieux qui est en réalité un véritable investissement, et ne révèle tous ses avantages que pour les étudiants n’ayant pas le CRFPA.



Matthieu Sabonnadiere





sollicitor: il représente et conseille ses clients mais ne plaide pas