Carrières-Juridiques.com. Pouvez-vous revenir sur votre formation ?
Raphaëlle D’Ornano. Je suis diplômée de l’Essec depuis 2009. Je suis également titulaire du diplôme supérieur de comptabilité et de gestion. J’ai dû décaler le passage de l’examen final du DEC pour des raisons de santé, mais je le passerai lors de la prochaine session. J'ai en parallèle entrepris des études de droit à Paris I, et intégré le master 2 droit des entreprises en difficulté en 2013 dans le cadre de mon PPI. Je suis diplômée du Capa depuis le 14 octobre. Ne pouvant pas m’inscrire à la fois à l’ordre des experts-comptables et au barreau, j’ai choisi la seconde option.
C-J.com. Vous avez donc déjà une certaine expérience professionnelle…
R. d. O. Oui, dans le cadre de mes études, j’ai suivi deux années d’apprentissage chez Deloitte en audit, avant d’intégrer le cabinet à la sortie de l’Essec jusqu’à occuper le poste de manager. J’ai passé un an au sein du cabinet Eight Advisory, avant de créer mon propre cabinet D’ornano & Associés en 2013. Aujourd’hui, je me considère comme une avocate experte du chiffre.
C-J.com. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre cabinet ?
R. d. O. C’est un cabinet d’audit d’acquisition. Je ne fais pas d'audit pur ni d’expertise-comptable. J’assiste les fonds d’investissement et des entreprises dans leurs opérations. C’est une activité d’analyse financière, car j'analyse en particulier leur rentabilité. Mes collaborateurs sont des professionnels du chiffre, issus d’écoles de commerce.
C-J.com. Comment comptez-vous exercer en tant qu’avocat ?
R. d. O. Je vais devoir créer une seconde structure, une société d’exercice libérale prévue par la loi Macron. L’objet social de la société sera l’activité de la profession d’avocat. Et comme le prévoit la loi, j’espère à l’avenir pouvoir m’associer avec des professionnels du chiffre dont l’activité est complémentaire à l'exercice de la profession d'avocat. C’est une solution logique puisque plusieurs de mes clients ont besoin d’une structure qui mêle le financier et le juridique.
C-J.com. Quel regard portez-vous sur le conflit entre les deux professions ?
R. d. O. Les deux professions sont complémentaires. Je comprends les avocats lorsqu’ils disent que les experts-comptables sont limités dans les conseils juridiques qu’ils dispensent. Dans le cas d’une création de société par exemple, les experts comptables sont à même de dispenser des conseils, mais ils ne seront pas poussés à 100 %. La formation juridique des experts-comptables est essentielle et devrait être renforcée. De la même façon, il faudrait imposer des cours de comptabilité aux élèves-avocats. Pour que les deux professions se comprennent, il est nécessaire d'améliorer la formation des deux côtés.
C-J.com. Quel conseil donneriez-vous aux étudiants en droit souhaitant intégrer le monde de la finance ?
R. d. O. Les compétences juridiques sont très bien vues en audit. Mais elles sont loin d’être suffisantes. Un double diplôme avec une école de commerce est indispensable. Même s’il ne s’agit que d’une année de master. Dans les cabinets de conseil ou d’audit, on attend des jeunes qu’ils soient opérationnels, et c’est généralement ce qui manque aux juristes. Ils doivent donc étoffer leur expérience professionnelle, en réalisant des stages dans des directions juridiques par exemple.
Propos recueillis par Capucine Coquand
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