D’abord étudiant en lettres à l’Université Paris IV Sorbonne, Pierre-Olivier Sur intègre l’université Paris II-Assas, pour y obtenir une maitrise de droit privé au début des années 80.
Principalement par gout du théâtre, il devient le plus jeune avocat à prêter serment à 22 ans, en 1985. Il rentre en parallèle à Science-Po en 1986, ou il alimente son carnet d’adresse en côtoyant des personnalités allant de Jean-François Copé à David Pujadas en passant par Frédéric Beigbeder. Secrétaire de la conférence du stage en 1990, il devient un des jeunes avocats les plus prometteurs de son époque.
« C’est un homme de combat », affirme son ami Christophe Karvelis (associé fondateur du fonds d’investissement Capzanine),. Ce trait de caractère il le doit très certainement à son mentor, chez qui il effectue son stage, Me Olivier Schnerb, pénaliste de la vieille école, qui lui enseigne les règles chevaleresque de l’ancien Palais. « Il sait se taire, capter, palper, comprendre… »
Pierre-Olivier Sur est un personnage à part. Comme tout bon pénaliste, son besoin de capter l’attention des autres le propulse dans la lumière. Cette obsession ne date pas d’hier, comme en témoigne Christophe Karvelis « Je me souviens d’un jour, en cinquième, au lycée Montaigne, où il s’est levé pour interpeller le prof de français, un sartrien convaincu, et a développé pendant cinq minutes un point de vue opposé au sien. »
Ses camarades de promo, le décrivent comme « intelligent, séduisant, plein d’allant, déjà passionné et habité par l’idéal de l’avocat », ou encore comme « un séducteur très charismatique ».
Excellent à l’escrime et à la voile, amoureux de Racine et de Stendhal ce fils de famille semble avoir tout du gendre idéal.
Aujourd’hui, son palmarès judiciaire est impressionnant. Il a plaidé dans les affaires les plus sulfureuses, telles que les affaires Schuller Maréchal, sang contaminé, Crédit Lyonnais, financement du RPR, HLM de la Ville de Paris, ELF…
Le 2 décembre 2010, alors qu’il rêve de devenir bâtonnier depuis près de trente ans, Pierre-Olivier Sur connaît le goût amer de la défaite. Sa rivale, Christiane Feral-Schuhl est élue au bâtonnat de Paris.
Mauvais perdant et vexé de sa défaite, il fait preuve de colère lorsque l’avocate Caroline Mécary met en cause sa probité lors de l’entre deux tours. Elle accusait sa colistière de conflits d’intérêts. Furieux, le pénaliste avait obtenu sa convocation devant le conseil de discipline du Conseil de l’Ordre. Elle avait alors écopé d’un avertissement.
La défaite est dure à digérer, mais l’avocat reprend la course pour être finalement élu trois ans plus tard, au terme d’une campagne plus calme, le 11 décembre 2013.
Dopé par l’assemblée en robes noires dans la salle de conférence de la bibliothèque du barreau, le nouveau bâtonnier, en prince des mots, déploie son éloquence, lors de son discours d’investiture. Loin de vouloir être un bâtonnier isolé, il y précise sa « complémentarité », avec le vice-bâtonnier, Laurent Martinet. Il promet « panache » et « grain de folie », en terminant par un hommage au bâtonnier Fernand Labori, avocat de Zola et Dreyfus, s’appropriant l’anaphore de l’Aurore : « Nous accuserons ! ».
« J’éprouve une énorme fierté à être, pendant deux ans l’avocat des avocats, la plus belle des missions, à la hauteur de la fabuleuse histoire du barreau », livre t’il au journal Challenge.
Le programme du nouveau bâtonnier est basé sur « l’ouverture », à la société civile, aux pouvoirs publics et à l’international.
A partir du 1er janvier 2014, et durant deux ans, Pierre-Olivier Sur prévoit de confier ses dossiers actuels au cabinet à son équipe de pénalistes, pour se consacrer aux chantiers prioritaires du bâtonnat. Les deux principaux chantiers concernent le nombre d’avocats et l’internationalisation de la profession.
La première préoccupation concerne la démographie de sa profession. Il y a 25 000 avocats à Paris aujourd’hui. Il n’y en avait que 6000 lorsque le nouveau bâtonnier a prêté serment.
L’ouverture à l’international est aussi une question essentielle pour le pénaliste. L’objectif est précis. Un des « grands chantiers, avec obligation de résultat, sera l’ouverture de l’Ecole du barreau au monde ». Il précise d’ailleurs que « les dossiers sont de plus en plus hors d’Europe. Il y a 200 000 avocats au Brésil, un million en Inde mais impossible de s’installer dans ce pays verrouillé.
L’avenir c’est aussi l’Afrique mais l’influence française y a singulièrement régressé ».
Concernant le déménagement du Palais de justice aux Batignolles, le porte-voix des avocats parisiens est pessimiste. « Il ne se fera pas. Ce projet conçu en 1996, avant la numérisation intensive, est obsolète. Prévu pour un budget de 500 millions, il devrait couter 2,5 milliards. La tour du TGI est prévue sur 60 000 m², or le Palais de justice en fait 50 000 ; on peut trouver les 10 000 m² quai des Orfèvres, dans les combles, les caves, les parties communes ».
Plus généralement, le nouveau bâtonnier et son vice-bâtonnier, espèrent « rassembler le barreau, en restaurant le lien entre les grands avocats d’affaire et les petits pénalistes ».
Pierre Olivier Sur est loin de faire l’unanimité. Pour certains, le nouveau bâtonnier est trop préoccupé par son image et par la reconnaissance publique et médiatique pour faire passer les intérêts de la profession avant les siens.
Des critiques acerbes sont également dirigées vers le vice-bâtonnier, Laurent Martinet, associé chez Jones Day, grand cabinet d’affaire américain. L’associé grassement rémunéré d’un grand cabinet international, peut il réellement comprendre les préoccupations de la moitié des avocats qui gagnent moins de 2500 euros par mois ? Se demandent certains de leurs confrères.
Par Capucine Coquand, responsable presse, pour Carrières-Juridiques.com
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