C’est en allant à la rencontre des barreaux du ressort que Pierre Berlioz est frappé par le discours de plusieurs bâtonniers : « Il n’y a pas assez de candidats pour l’ensemble des offres de collaboration que proposent les barreaux ». Après ce constat, le directeur prend conscience que la pénurie d’avocats en banlieue et en province représente une réelle difficulté pour les barreaux, sans cesse à la recherche de nouveaux collaborateurs. Sur plus de 1 500 avocats diplômés de l’EFB chaque année, seulement 10% se tournent vers un autre barreau que celui de Paris, ce qui est regrettable selon le directeur, dans la mesure où les jeunes diplômés ne trouvent pas toujours de collaboration. A titre informatif et avec beaucoup d’espoir il nous confie que « le barreau de Seine-Saint-Denis propose actuellement entre 60 et 80 postes à pourvoir et le barreau de Sens pourrait accueillir une vingtaine d’avocats ».
« Il n’y a pas assez de candidats pour l’ensemble des offres de collaboration que proposent les barreaux »
Pourquoi cette "pénurie" d’avocats dans les barreaux de province ?
Selon Pierre Berlioz, il y a une méconnaissance des opportunités professionnelles qu’offrent ces barreaux et plus généralement certains types de structures. « Je constate que dans le choix des stages les élèves avocats privilégient souvent le montant des indemnités au détriment de l’aspect formateur de l’activité exercée. Dans le même sens, les jeunes sont motivés par le confort financier que peuvent apporter certaines grandes structures, et en négligent parfois les perspectives offertes par les petites et moyennes structures » explique le directeur.
Avoir une vision à long terme
A la sortie de l’école, le jeune actif construit sa vie, et doit alors se poser les bonnes questions. « Il faut savoir ce que l’on souhaite et surtout avoir une vision à long terme, une vision à 360° » affirme le directeur. Selon lui, l’attrait des grandes structures est évident, mais les autres présentent aussi de réels atouts, susceptibles de mieux convenir à certains profils, en particulier ceux qu’attire le fait de disposer d’une certaine autonomie et de diversifier leurs domaines de compétence : l’accompagnement des collaborateurs est souvent plus personnalisé dans les petites et moyennes structures, ils y ont des responsabilités plus étendues, tout en disposant de plus de temps propre, pour développer leur propre clientèle et/ou pour leur vie personnelle. « Exercer dans ce type de cabinets permet notamment d’accéder plus facilement à l’association, comme de disposer de plus de souplesse dans la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle. Je veux vraiment que les élèves-avocats aient conscience de cette diversité, qui fait la richesse de la profession, et qu’ils considèrent toutes les options » confie-t-il.
« Il est important que les élèves avocats sachent qu’il existe des postes de collaboration pour tous les profils, toutes les personnalités et toutes les envies »
Objectif majeur : que tout le monde trouve une collaboration
Le directeur de l’EFB ne souhaite qu’une chose : « il est important que les élèves-avocats sachent qu’il existe des postes de collaboration pour tous les profils, toutes les personnalités et toutes les envies ». Pour cela, l’école veut travailler en lien avec les différents barreaux et mener une vraie campagne d’information auprès des élèves avocats dès la rentrée prochaine. « Par ailleurs, nous avons pour projet de créer un véritable Forum virtuel de la collaboration, permanent, sur lequel chaque barreau pourrait poster ses offres de collaboration. Ce « lieu » de rencontre entre les cabinets et les candidats, permettrait peut-être à tout le monde de trouver sa voie. » conclut Pierre Berlioz.
Clémentine Anno