« Les avocats ne reconnaissent aucune tutelle. Ils sont indépendants, ce n’est pas leur problème, mais leur mérite », lance fièrement le président du Conseil national des barreaux, Pascal Eydoux, au ministre de l’Économie ce vendredi à la Maison de la Mutualité. Postulation, inter-professionnalité, avocats en entreprise… le représentant des 60 000 avocats français est revenu méthodiquement sur les revendications soulevées lors des débats de la loi « croissance et activité ». Et n’a pas manqué de style pour conclure : « Libres, compétents, créatifs, les avocats sont seuls à promouvoir un modèle économique dans un contexte de concurrence. »
Emmanuel Macron ne s’est pas laissé impressionner. « Je partage votre goût pour la liberté », lance-t-il serein à l’assemblée. L’occasion pour le ministre de défendre la réforme dont il est la figure de proue. « La loi rentrera en vigueur au printemps prochain. Son objectif est d’offrir un accès plus simple, assure-t-il, avant de conclure sur un consensus : les avocats doivent être des acteurs à part entière de la révolution numérique ». Et comme cet hiver, face à un public a priori hostile, il s’échappe de la Mutualité sous une salve d’applaudissements. Difficile d’imaginer une sortie similaire pour Christiane Taubira, absente de l’événement. Des dizaines de robes noires manifestaient au même moment devant le bâtiment, accusant la ministre de vouloir financer l’aide juridictionnelle avec la Carpa (leurs propres fonds) : « Demanderait-on aux médecins de financer la sécurité sociale ? » Décidés, les avocats ne sont pas prêts à lâcher l’affaire : les instances représentatives de la profession ont unanimement décidé de suspendre toutes les commissions d’office et toutes les désignations au titre de l’AJ à compter du 13 octobre et jusqu’à nouvel ordre (1).
Capucine Coquand
(1) À lire sur le même sujet, Aide juridictionelle : les avocats passent aux menaces