Si en revanche vous entendez par là s’établir de manière durable à l’étranger et notamment aux Etats-Unis ou dans les pays du common law, il me semble qu’il est plus pertinent d’envisager de faire un JD (Juris Doctor). Il est important de noter que certaines universités françaises proposent des doubles programmes JD-Maîtrise en partenariat avec des universités américaines de renom.
Au-delà de l’expérience humaine qui est particulièrement enrichissante, il me semble que les LLM permettent avant tout, sur le plan professionnel, d’obtenir auprès de certains cabinets une première expérience courte, six mois à un an, aux Etats-Unis, avant de venir poursuivre sa collaboration dans les bureaux parisiens de ces mêmes cabinets. Certains de mes amis qui ont suivi les doubles formations avec le JD ont ainsi pu être assimilés aux étudiants américains et font aujourd’hui carrière aux Etats-Unis, rares sont ceux qui ont pu le faire en sortant de LLM mais il y a évidemment des exceptions. Il faut reconnaître qu’il est difficile pour un avocat français, sauf à avoir suivi des études approfondies de type JD en Angleterre ou aux Etats-Unis, de s’exporter pour devenir un avocat dans le monde anglo-saxon. Un avocat qui fait l’ensemble de ses études de droit à Londres ou à New-York pourra ainsi beaucoup plus facilement s’exporter dans la plupart des pays du monde.
Un LLM seul n’est donc pas un ticket pour travailler partout dans le monde et n’est donc pas, tout comme les doubles diplômes, une fin en soi ou un prérequis absolu. Néanmoins, si vous avez l’opportunité de faire un LLM, cela constituera sûrement une expérience enrichissante. J’ajouterais à ce titre que compte tenu de la diversité d’origine des étudiants dans les LLM et compte du fait que la plupart d’entre eux font carrière ensuite dans leurs pays d’origine, le fait de faire un LLM apporte généralement un plus aux étudiants en termes d’ouverture d’esprit et de réseau à l’international, toujours utile lors que l’on travaille sur des opérations cross-border.
A l’issue de mon stage j’ai été embauché comme collaborateur. Ensuite, après cinq années en tant que collaborateur, j’ai eu l’opportunité de partir travailler à New York pendant un an et demi au sein notre cabinet partenaire Wachtell Lipton. A mon retour des Etats-Unis, j’ai poursuivi mon parcours et suis devenu associé deux ans plus tard.
Je retiens de mon parcours que les stages sont très importants, et peuvent constituer une excellente voie pour entrer dans la profession et déterminer le mode d’exercice qui nous correspond le plus.
En outre, et même si cela n’est pas « travailler à l’étranger », il faut garder à l’esprit que notre activité au quotidien est de plus en plus axée sur les opérations et contentieux internationaux. Nous travaillons donc quotidiennement avec les meilleurs cabinets de très nombreux pays et c’est particulièrement stimulant. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, mes associés venant de cabinet mondiaux ont réalisé qu’ils travaillent beaucoup plus à l’international depuis qu’ils sont chez nous que dans leur précédent cabinet. Nous sommes donc un cabinet résolument tourné et ouvert sur l’international.
Nous recrutons quasi-exclusivement nos jeunes collaborateurs après le stage justement parce que c’est confrontés aux dossiers que nous sommes le mieux à même d’apprécier comment un étudiant réfléchit, se comporte avec les équipes et parfois avec les clients. Nous sommes connus pour être un cabinet où tout le monde est très impliqué, des associés les plus seniors jusqu’aux stagiaires. Cela est généralement une formidable opportunité pour les stagiaires d’avoir un rôle de quasi-collaborateur sur certains dossiers et il devient alors assez facile de savoir si nous voulons les recruter.
Quant au choix des cabinets, je pense qu’il ne faut pas être victime des diktats. Il faut avant tout, grâce aux expériences multiples, réussir à déterminer dans quel profil de cabinet vous souhaitez travailler et vous épanouir, ce qui est également une question très personnelle. Encore une fois, être dans un cabinet parisien indépendant n’est pas incompatible, loin de là, avec le fait de pouvoir travailler régulièrement sur des opérations internationales parmi les plus complexes.
Entretien réalisé par Alexis Deborde