« Nous souhaitons fédérer pour agir ! », nous explique David Gordon Krief lorsque nous lui demandons pourquoi il souhaite devenir le représentant des quelques 26 000 avocats parisiens. Avocat dans l’âme, ce dernier est un habitué des organisations représentatives. Dix ans après être reçu au barreau de paris, il devient président de l’Union des Jeunes Avocats de Paris en 1997. Il présidera par la suite la Fédération Nationale des Unions des Jeunes avocats en 2002, puis l’Union nationale des professions libérales en 2010. Déterminé, David Gordon Krief souhaite aujourd’hui mettre cette expérience au profit d’une profession en mal d’adaptation. « La profession d'avocat n'a pas beaucoup évolué. Il faut la moderniser », nous confie-t-il.
Alors que les avocats sont aujourd’hui au cœur de multiples polémiques, les deux candidats veulent rappeler à leurs confrères les fondamentaux. « L'idée est simple. Il est d'abord nécessaire que chaque avocat puisse manger. Il faut ensuite apprendre à vivre ensemble. Enfin, il est essentiel de redonner espoir aux jeunes comme à ceux qui ont plus d'expérience », précise Hubert Flichy.
Fiers de leur barreau parisien, les deux avocats n’en demeurent pas moins conscients du manque de cohérence dans la représentation nationale de la profession. Conseil national des barreaux, conférence des bâtonniers, ordre par région, les multiples représentations brouillent le message global d’une profession en manque de popularité. « Il est invraisemblable que la profession ne soit pas unie sur certains sujets. Plus la représentation sera forte, plus la profession elle-même sera forte ». Si cette représentation nationale (1) est aujourd’hui le véritable talon d’Achille de la profession, c’est parce qu’aucune voix ne peut se faire entendre sur des sujets capitaux, comme la justice du XXIème siècle, l’aide juridictionnelle, ou encore le statut de l’avocat en entreprise. A ce sujet, le Conseil national des barreaux a récemment rappelé son hostilité face à l'instauration du statut de l'avocat en entreprise. Se ralliant à de nombreuses robes noires, David Gordon Krief y est pour sa part largement favorable. « Il est aujourd'hui aberrant d'avoir deux professions », s’insurge l'avocat, « il faut se rapprocher des juristes d'entreprise, sinon nous risquons de voir réapparaître la profession de conseil en entreprise...».
S’il veut aller de l’avant, le candidat au bâtonnat ne souhaite pas non plus se précipiter. En matière de formation notamment, David Gordon Krief salue les efforts qui ont été mis en place par Laurent Martinet et Pierre-Olivier Sur en matière d'enseignements pratiques (gestion administrative et gestion stratégique de cabinet). Le candidat souhaite pouvoir réfléchir, analyser, comprendre les besoins d’une formation critiquée de toutes parts. « Nous avons besoin de recul pour pouvoir apporter une critique, bonne ou mauvaise, sur les réformes qui ont été apportées à l'EFB. Les bonnes initiatives seront à poursuivre et amplifier avec volonté et humilité » explique David Gordon Krief. Si celui-ci n’a pas pour projet de bouleverser les réformes initiées, il souhaite néanmoins ajouter un observatoire des carrières à la formation qui aurait pour objectif de mieux connaître les évolutions, les attentes, les motivations, mais aussi les envies de chaque futur avocat. Organisé au sein de l’EFB dans un premier temps, l’observatoire des carrières selon David Gordon-Krief, aurait vocation à terme, à s’adresser à tous les avocats de la capitale.
David Gordon-Krief et Hubert Flichy ont jusqu’à juin pour convaincre définitivement les avocats parisiens.
Capucine Coquand
(1) A lire sur Carrières-Juridiques.com "Vers un ordre national des avocats ? "
