Les robes noires ne décolèrent pas. Le 5 juin dernier, les avocats avaient lancé leur première journée de grève concernant la dégradation de la situation des aides juridictionnelles (Lire notre article, Pourquoi les avocats sont-ils en grève ce jeudi 5 juin ?)
La profession réclame une augmentation de l’enveloppe de l’aide juridictionnelle. « L’avocat qui traitera une affaire en Cour d’Assises, qui a demandé 2 à 3 ans de procédure et 10 jours d’audience, touchera environ 500 euros » explique le bâtonnier Jean-Marie Burguburu.
Les premiers menacés par la réduction en « peau de chagrin » des aides juridictionnelles sont les jeunes avocats et les barreaux de province, vivants pour les deux, essentiellement de cette aide. La mobilisation a été particulièrement suivie en province. 200 avocats se sont réunis à Strasbourg, 180 à Nantes, 150 à Lyon, 80 à Versailles, 70 à Metz et 60 à Evry, 50 à Bobigny et 40 à Besançon. La mobilisation a été moins massive dans la capitale ou seuls quatre-vingts avocats ont occupé calmement, le haut des marches du Palais de Justice pendant une heure. « A paris, qui est un barreau d’affaires, les pauvres, on s’en fiche, on veut les choisir et éventuellement faire du pro bono pour ensuite en tirer un bénéfice en termes de communication. En province, tout le monde est contraint de faire de l’aide juridictionnelle », s’agace Rachel Saada du Syndicat des avocats de France (SAF) (1)
Comment augmenter l’enveloppe des aides juridictionnelles ?
Pour augmenter l’enveloppe des aides juridictionnelles, la Garde des Sceaux, propose de taxer le chiffre d’affaires des cabinets. Les avocats proposent pour leur part une taxation des actes juridiques ou des contrats d’assurance de protection juridique « On demande aux notaires et aux assureurs de céder du terrain » reconnaît Jean-Marie Burguburu. Devant le scepticisme général de la profession pour sa proposition, Christiane Taubira détaillera sa proposition devant les avocats en marge de l’assemblée générale de la Conférence des bâtonniers, ce vendredi 27 juin. « Il est curieux de financer l’aide juridictionnelle par une taxe du chiffres d’affaires des cabinets d’avocats. En somme, nous donnons à un tiers l’argent pour qu’il nous paye, et mal encore ! », Explique Olivier Cousi, avocat associé du cabinet Gide.
Les avocats décideront quelle suite donner au mouvement après les explications de la ministre de la justice ce vendredi.
Par Capucine Coquand, responsable presse pour Carrières-Juridiques.com
Crédit photo : leparisien.fr
1- Propos recueillis par Anne Portmann et Julien Mucchielli pour Dalloz Actualité