Carrières-Juridiques.com. Pourquoi avez-vous quitté la profession d’avocat ?
Alexandra Cauchard. Je ne me projetais plus dans la profession. La course à l’association, l’hyper-expertise, la place accordée à la hiérarchie au sein des cabinets, la relation complexe, presque schizophrène, avec ses clients et ses confrères… Tout ce qui caractérise ce métier ne me correspondait plus. Alors j’ai réfléchi pour identifier ce qui me permettrait d’être épanouie. L’esprit du collectif, l’innovation et la découverte se sont avérés essentiels et donc incompatibles avec le parcours solitaire et technique de l’avocature.
C-J.com. En quoi votre métier actuel est-il davantage en adéquation avec ces attentes ?
A. C. Notre génération est flexible, veut s’adapter, veut entreprendre, est capable d’accepter les échecs pour rebondir. J’avais besoin d’un métier qui me donne les moyens de me confronter à ces aspirations. Lorsque j’écris sur les tendances du marché, j’ai la chance d’interviewer des personnalités hors du commun, des patrons, des DRH, des ministres. J’apprends sans cesse au fil des rencontres, toujours précieuses. Chaque publication nécessite une maîtrise du management de projet que j’acquiers de jours en jours. Qu’il s’agisse d’auditer les experts ou de modérer des conférences, ma curiosité est constamment stimulée. L’agilité de l’entreprise dans laquelle j’évolue m’a ouvert la possibilité d’être « intrapreneur ». J’ai créé ainsi, avec une de mes acolytes, un lab d’innovation collaborative qui s’appuie sur une méthodologie structurée de brainstorming. Des collaborateurs volontaires, aux profils variés et complémentaires, réfléchissent ensemble pour résoudre un défi rencontré par un salarié dans son quotidien. Comment faire du cross-selling sur le guide des jeunes diplômés, réussir à augmenter le trafic sur le site Find Your LLM… Les sessions rassemblent plus d’une dizaine de personnes tous les quinze jours. Depuis sa création, le lab est devenu un accélérateur de projets, de communication interne et d’intégration. Cette initiative aurait difficilement pu voir le jour dans un cabinet d’avocats.
C-J.com. Votre formation de juriste vous aide-t-elle dans la réalisation de ces missions ?
A. C. Tout à fait. Mes connaissances de fond nourrissent l’audit nécessaire à la notation des professionnels de chaque écosystème. Au delà d’une expertise, la rigueur et la méthode, inhérentes à la juriste que je reste, m’aident à prioriser les tâches et à organiser le travail d’équipe. J’applique également certaines techniques de plaidoirie pour modérer des conférences ou diriger les interviews.
C-J.com. Comment envisagez-vous l’avenir de votre vie professionnelle ?
A. C. Mon parcours ne sera pas linéaire, écrit à l’avance et c’est ce qui me motive à me lever tous les matins. Je suis, comme de nombreux cadres de la génération Y, avide d’expériences nouvelles et de challenges. Mes envies d’aujourd’hui ne seront pas celles de demain. Quels que soient mes choix, j’aurai toujours à cœur de les aborder avec courage et humilité. En recherchant constamment le sens dans ma mission, pour être à ma place, tout simplement.
C-J.com. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant en droit qui s’interroge sur ses choix ?
A. C. Un seul résume tous les autres : essayer d’entreprendre sa vie professionnelle avec optimisme. Aujourd’hui, l’école, l’actualité, la famille imposent à la jeunesse une prudence dans son orientation.L’université n’encourage pas assez la connaissance de soi. La société toute entière fabrique des pessimistes qui préfèrent choisir la sécurité aux risques du bonheur. Qu'ils soient étudiants ou jeunes actifs, tous ont le droit de penser que tout est possible. Trouver sa voie est un parcours de longue haleine. Plus ils multiplieront les expériences professionnelles, plus ils se donneront l’opportunité de faire des choix en accord avec ce qu’ils sont. Partir à l’étranger, découvrir l'écosystème start-up, tester les groupes internationaux ou des cabinets de différentes tailles pour avoir les cartes en main. Rien ne justifie d’accepter de subir sa vie. Ni le chômage, ni la peur, ni le système éducatif. Celui qui croit en ses projets réussira car c’est lui et lui seul qui aura dessiné son propre avenir.
Bio Express :
- Diplômes :
o Diplôme de juriste conseil en entreprise à l’Université de Montpellier
o Master 2 et Magistère en Droit des affaires et fiscalité
o Certificat de spécialité en droit social
o Certificat d’aptitude à la profession d’avocat
- Expériences :
o Consultante en formation au sein des Éditions législatives
o Journaliste stagiaire pour le Magazine Décideurs
o Stage final de l’EFB au sein du cabinet August & Debouzy
o Responsable éditoriale au sein du Magazine Décideurs depuis 2014