CARRIÈRES-JURIDIQUES. Pourquoi avoir décidé de créer Closd ?
GRÉGOIRE DEBIT. Lorsque j’étais avocat chez Gide, mes clients s’étonnaient qu’aucun logiciel juridique ne soit disponible sur le marché pour accélérer et simplifier les closings. Il existait des plateformes collaboratives de gestion partagée de documents, de type DropBox, mais rien ne permettait de suivre une transaction de manière sécurisée, de la phase d’audit à la conclusion. Avec Nathaniel Merino, avocat chez Clifford Chance, et Bruno Thomas, ingénieur, nous avons décidé de nous lancer dans l’aventure entrepreneuriale et de créer Closd.
Aviez-vous besoin de quitter la profession d’avocat pour cela ?
Avant d’être omis du Barreau de Paris, en septembre 2017, un grand nombre de mes dossiers concernait des levées de fonds de start-up. J’avais envie de me lancer dans l’entrepreneuriat. Le fait d’être un ancien avocat est un argument indéniable pour mes clients qui sont réticents face à ce qu’ils appellent encore les braconniers du droit, ces legaltechs qui empiètent sur leurs prérogatives.
Quel est le niveau de sécurité des données ?
Les avocats sont constamment à la recherche d’une une vision globale du deal en cours, tout en ayant des exigences aiguës en matière de sécurité juridique. C’est pourquoi, tous les fichiers clients sont chiffrés avec le même niveau de sécurité que dans le secteur bancaire. Pour sécuriser les signatures électroniques, l’utilisateur doit passer par un système d’authentification triple : mot de passe, SMS et vérification d’identité.
Sur quel business model repose Closd ?
Nous fonctionnons sur le modèle pay as you go. Nous proposons différentes formules, entre 350 et 750 euros par mois, adaptées au projet, à la taille du cabinet, au nombre de documents signés et au nombre d’accès à la plateforme. Avec nos clients, nous évoluons dans une démarche de coconstruction sur mesure de produits adaptés à chaque besoin spécifique.
Proposez-vous un service d’accompagnement de vos clients ?
Nous accompagnons nos clients dans leurs closings sur place, à Paris ou en province. Parmi la quinzaine de clients, plusieurs cabinets importants utilisent notre plateforme pour la réalisation d'opérations juridiques, notamment LPA-CGR Avocats (équipe de François-Régis Fabre-Falret), Chammas & Marcheteau et Bichot & Associés.
Envisagez-vous un rapprochement avec une autre legaltech ?
Nous aurions tout intérêt à nous rapprocher des legaltechs spécialistes de la production juridique. En l’occurrence, celles qui ont mis l’intelligence artificielle au service de la facilitation des audits et de la production automatisée de documents types.
Quel avenir pour Closd ?
Pour l’année 2018, nous prévoyons un chiffre d’affaires d’environ 100 000 euros. Début 2019, une levée de fonds entre 500 000 et 1 million d’euros nous permettra, notamment, un déploiement dans les pays francophones et, plus largement, à l’international, notre plateforme étant disponible en anglais. Nous souhaiterions, à terme, intégrer Closd directement dans les systèmes de gestion électronique de documents (GED) utilisés par les avocats.
Le métier d’avocat vous manque-t-il ?
Aujourd’hui, je rencontre plus d’avocats que lorsque j’étais en exercice, c’est un vrai bonheur. Mon réseau s’est considérablement élargi et je continue à faire des closings.
PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE ALLEMAND