« La numérisation du droit emportera sûrement quelques dossiers, quelques règlements, quelques litiges non sophistiqués, mais elle n’emportera pas le principal : le droit chemin. Et le droit chemin, c’est le chemin du droit ». Le Bâtonnier de Paris rassure : le monde de demain aura besoin d’hommes et de femmes connaisseur(se)s du droit. Le vendredi 8 décembre 2017, Frédéric Sicard inaugurait le Forum des carrières juridiques en insistant sur la pérennité des métiers juridiques.
« Votre monde est en cours de multiplication : on est de plus en plus nombreux sur un même territoire, les frontières tombent, la circulation s’accélère, les libertés deviennent de plus en plus importantes. L’énergie, l’eau, la nourriture restent les mêmes. Une seule question reste : le partage. Et je ne connais qu’une seule règle pour le partage : le droit » explique Frédéric Sicard. Le juriste a donc de l’avenir devant lui.
« Le seul capital d’un avocat, c’est sa clientèle »
Pour construire sa carrière, nul besoin d’être « enfant d’évêque ou d’archevêque ». Celui qui préside aujourd’hui l’ordre des avocats de Paris l’affirme : les carrières juridiques se construisent parfois à partir de rien. Il se porte en exemple ; « moi en commençant, je ne connaissais personne ».
Philippe Portier, associé du cabinet Jeantet, partage ce point de vue, « le partner, ce sont les clients qui le font. Ils déterminent qui dans un cabinet va émerger parmi d’autres excellents techniciens du droit ». Ce qui fait décoller une carrière d’avocat se sont les qualités humaines, « la construction d’une individualité forte. Réussir à créer de la confiance est une dimension fondamentale. Nous, les avocats, sommes des entrepreneurs, des professions libérales, avec un seul capital : notre clientèle » explique-t-il.
S’adapter pour évoluer
Elie Kleiman, associé du cabinet international Freshfields, insiste sur l’importance du collectif dans un cabinet comme le sien « Chez Freshfields, c’est très humain. Nous sommes loin de la firme déshumanisée, mécanique. Il est essentiel de faire passer le collectif et la pérennité de l’institution devant l’envie personnelle. C’est le grand tout qui fait la force et pas le petit un ». Mais si vous avez envie que l’histoire collective s’écrive aussi à la première personne, c’est en vous adaptant que vous tracerez votre chemin. « Être prêt au changement » est une règle fondamentale pour l’associé.
Peut-être aussi en voyageant. « Bougez, sortez de l’hexagone ! » conseille Philippe Portier. Ou du moins, sortez de Paris et des grandes villes. Car Frédéric Sicard le rappelle, « en Bretagne, il y a actuellement 10 postes ouverts de droit fiscal. Et les avocats fiscalistes sont recherchés à peu près partout en France ». A vous de choisir votre voie.
Émilie Coste