Carrières-juridiques.com. Quel est le rôle d’un juriste chez Bpifrance?
Boubakar Dione. Il est incontournable dans le fonctionnement de l’entreprise. La direction juridique est associée aux projets très en amont et parfaitement intégrée aux différentes instances de la société. Cela permet d’être en anticipation et non en réaction. Par exemple, dans notre métier d’investissement, il participe depuis l’instruction des dossiers jusqu’à la signature en passant par la négociation de la documentation.. Chez Bpifrance, la dimension juridique est prise en compte au fil de l’eau.
C-J.com. Bpifrance est une structure jeune créée en 2013. Qu’est-ce que cela change dans son fonctionnement ?
B. D. C’est un vrai plus. Notre fonctionnement est relativement agile avec une structure organisationnelle souple. Bpifrance a aussi un ADN particulier : notre crédo c’est « servir l’avenir ». Je me suis rendu compte que beaucoup de jeunes étaient à la recherche de sens. Chez Bpifrance nous travaillons pour l’intérêt général. C’est un facteur d’engagement supplémentaire. Beaucoup de jeunes travaillent ici et cela crée un vrai dynamisme. La fraîcheur et l’impertinence sont de vrais atouts s’ils sont bien canalisés.
C-J.com. Quel profil faut-il avoir pour y travailler ?
B. D. Le profil « type » est un homme ou une femme, plutôt une femme d’ailleurs dans les faits, diplômé(e) de droit des affaires avec une première expérience en cabinet ou dans une entreprise. Le profil varie ensuite selon la branche. Quand il s’agit d’un juriste sur nos trois métiers, la banque, l’investissement et l’assurance export, il sera beaucoup plus spécialisé que s’il travaille sur des questions « corporate » ou de gouvernance.
C-J.com. Une première expérience est-elle indispensable pour rejoindre la DJ de Bpifrance ?
B. D. Oui car nous ne sommes pas très nombreux. Généralement, lorsque nous ouvrons des postes, c’est que nous avons un besoin immédiat. On cherche donc des gens opérationnels qui travailleront sur des dossiers dont ils auront directement la charge.
C-J.com. Dans vos recrutements, le double diplôme est-il un atout ?
B. D. La plus-value du double diplôme, type école de commerce, peut jouer en la faveur du candidat. On est dans des métiers extrêmement économiques et financiers où toute expertise complémentaire est la bienvenue. Le juriste ne peut pas être expert du droit uniquement. Cela est loin d’être suffisant. Je suis aussi sensible à l’acquisition de compétences de manière autodidacte, la compréhension des enjeux étant par ailleurs bien plus importante qu’un diplôme. Il convient également d’insister sur le savoir-être, la compréhension du rôle du juriste et l’ouverture aux autres métiers de la maison.
C-J.com. Quel type de diplôme recherchez-vous ?
B. D. Les candidats diplômés d’un 3ème cycle de droit des affaires (type DJCE ou équivalent) avec des compétences en matière de comptabilité, de fiscalité etc pour une meilleure compréhension des enjeux économiques et financiers.
C-J.com. Vous avez aussi parlé de première expérience dans un cabinet d’avocat, est-ce pour vous un élément qui peut faire la différence ?
B. D. C’est un avantage indéniable. Les premières années dans un cabinet d’avocat sont extrêmement formatrices. On y apprend la rigueur et la gestion des fortes cadences. C’est une organisation très pyramidale où l’on sait que l’avocat junior n’est pas livré à lui-même. J’enseigne en Master 2 de Droit bancaire et Financier à Paris 1. Mes étudiants me demandent souvent s’ils doivent passer par l’école d’avocats. Je leur dis « faites votre CAPA et entrez dans un cabinet au moins dans un premier temps». Même si ce n’est pas un objectif de carrière, c’est un investissement qui rajoutera des cordes à leur arc.
C-J.com. La maîtrise de l’anglais est-elle essentielle ?
B. D. Globalement, tous nos juristes pratiquent l’anglais dans leur quotidien. Le pourcentage varie en fonction des équipes. Mais nous le pratiquons de plus en plus. Notre plan stratégique met l’accent sur l’international. Le directeur général nous le rappelle tous les jours, « il faut aller conquérir le monde et nous ne pouvons pas conquérir le monde en ne parlant que français ». Sans être totalement bilingue, il faut pouvoir le comprendre, participer à des réunions, négocier en anglais.
C-J.com. Pouvez-vous nous parler de la rémunération des juristes ?
B. D. Nous avons nos propres grilles de rémunération. Nous sommes une banque publique avec des rémunérations sans doute moins attractives que les banques classiques. Mais nous arrivons à recruter d’excellents profils car il faut aussi regarder les périphériques de rémunération comme la participation et l’intéressement, le comité d’entreprise, ou encore la mutuelle. C’est un conseil à donner aux jeunes dans leur recherche d’emploi.